Je m'appelle Aaron Quinn, j’ai maintenant vingt neuf ans, je suis né un trois décembre mille neuf cent quatre vingt neuf dans la ferme familiale de mes parents, à une centaine de kilomètres d’Alice Springs, territoire du Nord, Australie et ceci est mon histoire…

Depuis toujours, Père était persuadé qu’ils seraient la dernière génération à fouler cette Terre telle que nous la connaissons, la ferme qui avait vu grandir bien des Quinn était prête pour cela. Tout comme elle était prête à ma venue…
C’est dans l’infirmerie, véritable petite salle médicalisée d’époque, que ma grand mère me tira vers la lumière.
Dans la famille c’est comme cela depuis toujours, les femmes sont vouées à la médecine. Elles n’en sont pas médecins pour autant, sur le papier, mais la médecine douce et traditionnelle n’ont aucun secret pour elles ainsi que quelques bases de chirurgie…
Il le faut bien, pour la survie.

Mais revenons à moi:
Père m’attendait avec impatience, si lui serait le dernier à fouler cette Terre, il fallait un Quinn pour fouler la nouvelle…
Un Quinn qui serait fort, capable de se défendre et de se contenter de rien pour survivre. Vous imaginez l’enfance que j’ai eu…
Même si je n’ai aucunement manqué d’amour tant de mes parents que de mes grands parents, je n’ai pas pour autant vécu ce que vit un petit garçon “normal”.
J’avais des cadeaux à nöel, bien sûr, mais je n’ai jamais vu un GI Joe. Au lieu de cela, chaque année la panoplie du GI Joe que je devais devenir s'étoffait un peu plus.

Scolarisé à la maison comme beaucoup d’enfant vivant loin des villes en Australie, je passais le reste de mon temps libre à apprendre le combat à main nue, la pose de collets et pièges de plus ou moins grande envergure, les noeuds et bien sûr le tir. J’ai tenu mon premier arc à quatre ans et il me fallut très peu de temps pour mettre ma première flèche dans le mille.
Quand à mon premier revolver, enfin à ce moment là c’était encore celui de Père, je l’ai tenu à sept ans…
Mais je reste fidèle à mes premiers amours et aujourd’hui encore je ne jure que par mon Mamba M35 RDS. Mais ne croyez pas que si vous arrivez à m’approcher au contact vous aurez le dessus, mon ambidextrie naturelle aux couteaux de chasse auront vite raison de vous.
Les armes à feu, tant pour des raisons d’économie de munitions que pour des raisons de discrétions, je ne les utilise qu’en cas d'extrême nécessité…

Mais au début, le petit garçon que j’étais avait parfois du mal à vraiment comprendre pourquoi il devait faire tout cela…
Survivre, probablement seul, et après…
C’est l’année de mes neufs ans que tout prit un sens, avec l’arrivée d’un événement non prévu au programme et qui ne semblait ravir que Mère et moi, l’arrivée d’Hayley…
J’ai endossé ce rôle de grand frère, sachant dorénavant que tout ce que j’avais pu apprendre jusqu’à présent, et tout ce que j’avais à nouveau envie de continuer à apprendre, me servirait à protéger ma petite soeur…
Bien vite notre complicité ne faisait aucun doute et, elle au moins, elle put bénéficier de ce petit soutien qui m’avait tant manqué parfois et qui lui rendrait cette enfance pas comme les autres plus facile.
Grand mère n’eut pas le temps de lui transmettre son savoir, elle s’éteignit peu de temps après la naissance d’Hayley mais Mère avait acquis assez de compétences pour les transmettre à son tour à sa fille.
Nos sorties en famille prirent une toute autre tournure, particulièrement celles à Ruby Gap, même si l’amusement n’était pas le but premier de ces escapades…
Elles l’étaient bien plus désormais, amusantes, ce qui avait tendance à agacer un peu Père et qui nous valut encore plus de moments de rires complices une fois le soir venu, à Hayley et moi même.
C’est fin deux mille quinze qu’un autre événement vint bouleverser notre vie, ou du moins donner du crédit à la théorie de Père, lui arrachant un “j’vous l’avait dit!” satisfait de nous avoir préparés…
Cette fameuse fin du monde qu’il avait prédit était enfin là et j’avoue que j’en ai éprouvé également une certaine satisfaction car je pensais être prêt.
Mais pas vraiment à tout…

C’est la disparition d’Hayley qui me fit tout d’abord comprendre:
J’étais prêt à défendre ma petite soeur contre ce monde hostile, mais peut être pas contre elle même…
Pourquoi cette fois ci elle ne me mit pas dans la confidence? Peut être pensait elle que je l’en empêcherait…
L’aurais je fait? Je ne saurais le dire en vérité.
Avec Père nous sommes allés un peu partout pour la retrouver, en vain…

Le cauchemar se produisit la nuit du troisième jour tandis que je ruminais dans mon coin, contraint de rester à demeure…
Hors de question!
J’étais à mon tour en train de préparer mon paquetage pour repartir chercher Hayley lorsque ce van fit irruption dans la cour.
Depuis la fenêtre je vis Père fouler le sol de cette Terre pour la dernière fois, parce que c’est aussi à cela qu’il voulait que je sois prêt, ainsi que Mère…
Puis je vis Hayley…
Faisant preuve d’un sang froid hors normes, malgré le fait que celui ci bouillonnait au fond de moi, je sortis dans la cour avec mes deux revolvers brandis sur les assassins de mes parents.
Jamais vengeance ne fut si rapide…
Jamais le contrecoup ne fut si violent…

Seule lumière dans l’obscurité au venait de plonger mon existence, Hayley que je m’empresse de libérer de crainte qu’un autre de ces bandits n’arrive en renfort.
Au lieu de ça, l'un des deux se relève, pas mon genre de rater ma cible. On mettra ça sur le coup de l'émotion...
Fichues émotions...

A ce moment je ne sais pas si c’est ça ou la réaction de ma soeur qui m’ont le plus choqué, voir Hayley planter ce gars, comme ça…

Visiblement ce fut un acte plutôt dur a supporter puisqu'elle perd connaissance, je me précipite pour l'accueillir dans mes bras avant qu'elle ne chute…

La douleur de ce jour ne s’est jamais effacée, pas plus que la culpabilité d’hayley malgré mes efforts pour rendre cela plus “supportable”. Ni la mienne de n'avoir pas su être présent auprès d'Hayley le jour de sa fugue...
Mais ce qui devint vite insupportable c’était le confinement dans le bunker des Quinn dans lequel nous nous étions réfugiés.
Le moment était venu de mettre en pratique ce que nous avions appris tout au long de nos vies…
Maintenant, même si nous revenons régulièrement à la ferme familiale, où le bunker fut camouflé encore plus qu’il ne l’était déjà, nous nous éloignons de plus en plus loin dans le chaos de ce nouveau monde…

Voilà, je suis Aaron Quinn et ceci est mon histoire, la suite restant à écrire…