Le monde est un immense bouleversement dont personne ne connaît la cause. Autrefois, nous pouvions affirmer sans mal que la méchanceté humaine conduisait à une maladie à laquelle personne se trouvait immunisé. La violence. Aujourd'hui, tout ceci n'est plus qu'un souvenir vague et pourtant si présent. Cette même violence qui réduisait le monde à si peu de chose était à présent nécessaire pour subir le quotidien si cruel. Aria se voyait confronter à nouveau à la vérité à laquelle Emrys l'avait sciemment éloigné. Le chaos. La jeune femme le voyait et le contemplait chaque jour. Tous ces débris qui sont la représentation même de l'esprit et de l'âme des gens survivant sans plus grand espoir à cette apocalypse si injuste et incompréhensible. Il y a tant de questions sans réponses concernant ce virus. D'où vient-il ? Comment s'est-il propagé à travers le monde ? Est-ce un mal fabriqué par la main de l'homme ou bien quelque chose de bien plus ancien et inconnu dans l'histoire de l'homme. Aria avait beau penser et tenter de comprendre, mais ce n'était que pour mieux affronter la solitude et la possibilité qu'elle ne retrouverait jamais les siens. Emrys l'avait sans doute enfermé dans une cage doré, mais il l'avait condamné également à une incertitude qui hantait de jour comme de lui la pauvre australienne.

Mais plus que cela, il l'avait dégoûtait de l'espèce humaine. Les hommes et leur penchant pervers. La luxure autant que le pouvoir faisaient tourner ce nouveau monde. Qui dit pouvoir dit forcément violence et la jeune femme avait pu largement comprendre de quoi était capable cet homme. Elle l'avait pourtant défié en fuyant ce jour où la terre a décidé de trembler. Ce jour où Mère la Terre a décidé de faire comprendre sa colère une nouvelle fois. Il faut dire qu'avoir fait serpenter le virus à travers le monde fut un premier cadeau empoisonné. La jeune femme repense à ce temps où des illuminés arpentaient les rues en hurlant à qui veut l'entendre que l'apocalypse viendrait sonner à nos portes. Qu'au lieu de noyer la terre sous les eaux, Dieu viendrait à laisser le Diable ouvrir la porte des Enfers pour laisser le mal vagabonder à son bon plaisir. Au final, ce n'était pas si fou que cela en sachant à présent comment chaque être humain était voué à vivre et à s'éteindre sans véritablement mourir parfois.

Survivre seule, c'est aussi devoir arpenter les chemins à la recherche de nourriture. Rien de bien difficile quand on a eu des cours de survie avec papy et Liam. Aria parvenait sans mal à reprendre ses marques et à s'adapter. Après tout, elle n'avait guère le luxe de se laisser aller et à chipoter pour un oui ou un non. Elle se devait de faire front et de tout trouver par elle-même. Il y avait eu un certain avantage d'être la maîtresse d'Emrys cela est vrai et on ne pouvait ignorer ce fait. Néanmoins, la liberté manquait et puis le plus important encore, c'était l'estime de soi. Autant vous dire, que la pauvre Aria s'est vu réduite à peu de choses et à taire ce qu'elle est pour ne pas finir tué ou esclave. Emrys s'était entiché d'elle comme bien d'autre et elle a dû assumer ce rôle, l'accepter jusqu'à reprendre sa vie en main. Un an, c'est long quand on a une fierté presque démesuré. Une fierté d'irlandaise en plus. Elle qui s'était juré de ne plus se laisse avoir par un homme, le destin s'est montré fort cruel.

Qu'importe !

La liberté lui a ouvert grand les bras, mais l'inconvénient restait la solitude et la survie. Certes, les zombies ou les marcheurs, qu'importe le nom dont on les affublait, se faisaient rares. Le tremblement de terre avait dû en éliminer plus d'un ou les emprisonner quelque part, ce qui était plutôt positif. Néanmoins, quelques-uns régnaient encore en maître inconscient de leur condition et Aria faisait en sorte de respecter une seule et unique règle. Survivre peu importe la façon.

Soudainement, au loin, Aria apercevoir à ce qui ressemble à un bâtiment. Où elle se trouve, elle l'ignore. Tout est si différent depuis que le monde a basculé. Elle reconnaît une maison principal et plus loin à ce qui pourrait une grange. Une ferme sans doute. Un pincement au cœur lui prend quand son esprit se décide à se rappeler de son enfance et de la maison de papy. C'était tellement paisible et tranquille. Un lieu qu'elle prenait pour le Paradis sur terre. À présent, ce n'était qu'une image presque flou dans sa tête. Endormir cette vision était mieux que de la supporter et de souffrir injustement.

Un son lui parvient alors. La silhouette d'un animal se dessine. Voilà une chance ! Elle allait pouvoir avoir un apport de protéine si elle parvient à attraper l'animal et le tuer. Aria regrette le temps où elle n'avait qu'à se rendre dans un hypermarché pour en acheter. C'était moins dégoûtant que de s'occuper de le tuer et le dépecer. Néanmoins, est-ce vraiment le moment de faire la fine bouche ? La jeune femme en avait assez de devoir se contenter de manger des vers ou autre. Cela vous dégoûte ? Et pourtant, certains insectes apportent pas mal de protéine. Des tribus entières se nourrissent (ou se nourrissaient) de cela et ces derniers n'en sont pas mort. Le luxe de choisir n'est plus d'actualité.

Aria s'avance d'un pas calme dans le but de ne faire aucun bruit. Les sens aux aguets, elle reste tout de même sur ses gardes. Sait-on jamais. Mais la jeune femme ne s'attendait pas à faire face à un autre survivant. Un gamin en plus. Elle l'observe longuement sans un mot. Le regard qu'il lui porte lui fait bien comprendre que les attentions de ce dernier sont loin d'être bonne. Deux prédateurs pour une seule proie. Déduisez-en le reste !

- Je crains de ne pouvoir vous laisser vous servir, Madame.

<< Mademoiselle. >> Fit-elle dans un premier temps tout en l'observant. Il était vraiment compliqué de plier et d'effrayer Aria. Pas après ce qu'elle a dû subir et faire pour rester en vie. << Voilà qui pose problème. Cet animal m'intéresse aussi et je ne compte pas vous le laisser sans me battre. >> Katana ou pas, la jeune femme avait pas mal de prédisposition en matière de défense. << J'espère que tu sais te servir de ton katana et que ce n'est pas qu'un accessoire. >> Arrogante, un sourire en coin, la jeune femme ne peut s'empêcher de penser à papy. Il aurait eu une bonne répartie. Une blague bien à lui, mais Aria était loin de lui arriver à la cheville à ce niveau sauf peut-être pour grogner et jouer sur le terrain des entêtés d'irlandais. Autant dire que là, la jeune femme pouvait se vanter d'être à la hauteur du patriarche. << Bien, t'attend quoi. >> Aria n'était pas là pour faire de cadeaux. Elle avait déjà tué un homme pour s'en sortir de son année de cauchemar. Fuir Emrys, c'était récolté un sort pire que la mort ou bien la mort elle-même. L'homme ne faisait pas de cadeaux aux femmes qui le fuyaient. Aria avait su jouer son rôle à la perfection, à présent, elle se devait de continuer sur cette lancée.

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Plus rien ne l'impressionnait, depuis que ce chaos sans limite avait débuté. De plus, avec une famille comme la sienne, c'était compliqué de se laisser aller sans se battre ne serait-ce qu'un peu. Il est vrai que la jeune femme a dû courber l'échine face à Emrys, jouant ainsi la parfaite, mais peu docile maîtresse. Aria a dû s'oublier plus qu'elle ne pourrait l'avouer et il faut dire que depuis sa fuite, elle devait montrer une face si différente de tout ce qu'elle a pu être autrefois. Fini les demoiselles délicates, c'est en guerrière qu'il fallait devenir dans cet enfer qui ne laissait aucune pitié pour les pauvres êtres que l'humain est devenu. Si petit et si frêle dans cette échelle de la vie devenue bien branlante. Il suffisait d'un rien pour que ça se casse la gueule.

Face à ce gamin Aria n'allait certainement pas jouer les diplomates. De nos jours, même un visage d'ange pouvait cacher un démon et Aria sait à présent très bien percevoir le genre humain. Tout était si clair, le faible ne vivait pas longtemps et étant seule sur la route, mieux valait montrer les poings et mordre très fort. Grogner ne servait à rien étant donné le chant des morts depuis que le monde a totalement basculé. Ce genre de son était devenu habituel et sans importance. Loin d'être tétanisant.

Il faut l'admettre, Aria ne s'attendait pas à ce coup-là. Elle chuta au sol, mais elle se mit à rire contre toute attente. Peut-être que finalement, la jeune femme allait s'amuser. Comme elle a pu apprendre dans ses cours d'aïkido, elle se releva sans mal. Le genre de mouvement que l'on pourrait voir dans un film d'art martiaux sauf que tout ceci se trouve vrai. La mort est une finalité réelle et non pas du cinéma.

<< Pas mal. >> Fit-elle en le regardant. La jeune femme ne faisait rien observant simplement le gamin qui se trouvait devant elle comme si celle-ci analysait d'un visage impassible les prochains mouvements possibles de ce dernier. << À mon tour, si tu permets. >> Rapidement, Aria entre dans la danse.  

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Qu'est-ce qu'Aria pouvait détester les hommes trop sûrs d'eux et prenant un certains plaisir à faire souffrir les autres. Dans le groupe d'Emrys, elle a vu trop de choses pour avoir encore de la considération pour les hommes et les femmes faisant facilement du mal aux autres. Il n'y avait pour la jeune femme aucune excuse, même si on dit à qui veut l'entendre que c'est une question de survie. Où est donc le sens de l'observation dans tout ça ! Non décidément, la jeune femme a bien dû mal. Mais était-elle mieux ? Elle entrait dans son jeu se plaisant même à rire lorsqu'il la met au sol. Sans doute, est-ce le piment de savoir qu'elle pourra déployer un quart de cette colère qui sommeillait en elle depuis un an maintenant. Ce sentiment qu'elle a dû taire pour rester en vie au point de faire taire ego et fierté. Elle avait ce petit quelque chose qui la rongeait de jour en jour, lui donnant parfois, cette mauvaise estime de soi. Même si elle l'a fait pour empêcher Emrys de toucher une des filles qu'elle considérait comme sa protégée et avec laquelle elle avait pris la fuite. Où était-elle à présent ? Elles avaient dû fuir chacune de leur côté, Aria jouant les appâts et à la fin, celle-ci a dû tuer. Encore.

Cependant, elle retient un juron lorsqu'il réussit à la blesser à la cuisse. Aria voit même un léger flot carmin goûter au sol, ce qui n'arrange pas les grognements qu'elle entend non loin. En serrant les dents, la jeune femme se redresse. C'est un Wilson et ce n'est pas cette stupide blessure qui la tuera ou la conduira à la fin de son existence. Il fallait bien plus que ça pour que son sang irlandais coule comme une généreuse sur ce sol.

Les grognements se font proches. Trop alors que la jeune femme regarde derrière Harper voyant un couple de marié s'approchant d'eux complètement affamés et le sang d'Aria n'arrangeait absolument rien. Elle court vers Harper pour lui éviter de se faire attaquer, mais bien sûr, ce dernier est plus stupide qu'elle ne le pensait. N'avait-il rien entendu ?

Aria se retrouve alors au sol et voit les pas des zombies s'approcher d'elle. Par une chance incroyable, la jeune femme se relève avec une célérité dont elle ignorait alors l'existence, surtout après tout ce temps passé à être protégé dans un harem. Certes, ce n'était pas un sort qu'elle souhaiterait à une autre, mais il faut avouer que dans son malheur et son honneur perdue, elle a été mieux lotie que d'autres. << Putain, mais t'es con ! >> Elle se recule vers Harper, l'adrénaline effaçant peu à peu cette douleur suite à la blessure qu'il lui avait infligé plus tôt. << J'ai pas trop envie de servir de buffet. T'en pense quoi de s'aider à leur échapper et nous entre-tuer plus tard. >>

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