Histoire
"Souviens-toi qu'au moment de ta naissance tout le monde était dans la joie et toi dans les pleurs ..."
Ou presque !
Parce qu'autant elle peut croire d'avoir apporté une indicible joie à sa maman, et même à son grand frère, autant sa naissance ternit un peu plus son paternel qui lui espérait surement un autre garçon ... voir rien.
Et d'aussi loin que ses souvenirs la mènent, HayLey revoit dans ce noir regard tous les regrets de cet homme.
Raison probable pour laquelle elle s'est à ce point rapprochée de son frangin.
Son premier cri résonna le jour de la Fête Nationale Australienne le 26 Janvier 1998, date pourtant bien controversée par les Aborigènes qui eux l'appellent "Invasion Day" ou le Jour de la Survie ...
Un Signe ?
“Grandir sa vie c'est servir ses parents.”Son enfance, comme son adolescence, se passe essentiellement dans la maison familiale des Quinn, à presque deux heures de route de celle que l'on peut considérer comme la Capitale du désert australien : Alice Springs, une ville née avec l'installation du télégraphe.
Perdue au milieu de rien donc, par le choix de son père.
Choix égoïste pour la fillette, que ni sa maman ni son grand frère n'ont jamais commenté ... mais en grandissant, elle comprit que des raisons plus profondes que la seule paranoïa de son père en était à l'origine.
Cette extrême méfiance en avait fait un survivaliste et avait régi l'éducation de ses enfants, les cloîtrant dans la ferme familiale, les formant comme des militaires.
Leurs tâches quotidiennes se partageaient entre la confection du bunker, la pratique de sport, particulièrement de combat pour son frère, mais aussi pour elle qui chaque jour passait plus de trois heures à se perfectionner au Kenjutsu.
Pas d'enseignement scolaires tel qu'on l'entend, prenant un bus avec des camarades de classe, jouant à la marelle dans une cour de récréation.
Les enfants Quinn eurent uniquement accès à la
School of the air, une école par radio assurée par la ville d'Alice Springs.
Et pourtant, en y regardant de plus près, ils étaient épanouis ... équilibrés ... heureux ...
"Tous les hommes pensent que le bonheur se trouve au sommet de la montagne alors qu’il réside dans la façon de la gravir."Comme il avait raison Confucius !
De loin, les meilleurs souvenirs de celle devenant une jeune femme étaient ces randonnées au coeur de Ruby Gap.
Deux fois par an, toute la famille embarquait à bord du 4x4 indispensable à toutes excursions dans ce parc naturel majoritairement resté à l'état sauvage.
HayLey n'y voyait que la douceur et la folie de vacances familiales, ignorant volontairement une vraie mise en pratique de ce que leurs parents leur enseignaient : la survie en milieu hostile. Préférant se réjouir de l'apprentissage de la chasse, de la médecine douce voir chirurgicale, plutôt qu'une formation imposée pour devenir une vraie survivaliste, elle se régalait de ces instants, de ces bivouacs de fortune, de la confection de repas autour d'un grand feu.
Que d'heures passées auprès de son frère, pieds dans l'eau de la rivière, à tenter de trouver les "rubis" à l'origine du nom de ce paradis ... pierres s'avérant n'être que des grenats, si beaux soient-ils, donc sans grande valeur et qui fit fuir ceux venus exploités ce lieu, pour le plus grand bonheur des protecteurs de Dame Nature !
“La fatalité triomphe dès que l'on croit en elle.”Cette vie pouvant paraître cloisonnée au sein du domaine perdu des Quinn combla la fillette ... mais de moins en moins la jeune femme devenue rebelle au fil de l'adolescence.
Plus que quelques mois et j'obtiendrais ma majorité !, phrase qu'elle se répétait chaque jour, rêvant d'ailleurs parmi les autres. Frustrée de simplement croiser des gens lors de rares escapades à la ville pour faire le plein de vivres et parfois quelques nouveaux vêtements, elle aspirait à plus de socialisation, à des rencontres avec des jeunes de son âge ... des garçons qui feraient chavirer son coeur, comme parfois elle pouvait le vivre par procuration devant le téléviseur.
Patienter ...
Encore ...
Juste quelques mois ...
Et après quoi ?
Croyait-elle naïvement que ses parents autoriseraient, sous prétexte d'âge légal, que la mistinguette aille batifoler en ville ?
Et bien oui !
Elle n'échappait pas à la bêtise de ce passage à l'âge adulte, ni aux envies de plus loin, d'ailleurs, qu'il imposait au travers des hormones titillées !
Après tout, même les Amish y avait droit !
La Miss garnit un sac avec le minimum vital, récupéra son pécule dissimulé dans le corps d'Amy, sa peluche préférée, et s'offrit son Rumspringa !
Qui très vite tourna au cauchemar ...
A part elle, nul ne sait ce qui s'est réellement passé durant ce week end citadin.
Mais une chose est certaine, sa vie bascula du tout au tout.
Effacé le sourire juvénile qui la caractérisait, tout comme la naïveté grossière dont elle avait fait preuve.
Avait-elle au moins trouvé un peu de ce qu'elle était venue chercher ?
Souvenir occulté par le traumatisme de ce qu'elle vit ... et vécut ... Deux hommes, à demi masqué, kidnappèrent HayLey, l'obligeant par la violence a révélé ou elle vivait. Dans le fourgon qui se rapprochait de la ferme, elle ne put qu'apprendre que malgré tout l'enseignement prodigué, elle n'était en rien préparée à cela.
Tout se déroula très vite, comme dans un film d'horreur qu'elle voyait du dessus, comme si elle n'était pas là ... comme si elle n'assistait pas à la scène morbide ... comme si elle n'entendait pas les détonations qui transpercèrent le corps de son père et la tête de sa maman ...
Elle ne l'avait même pas embrassée avant de filer en douce deux jours avant, par cette nuit fraîche d'Octobre ...
"Hier n’existe plus , demain ne viendra peut-être jamais. Il n’y a que le miracle du moment présent, savoure-le. C’est un cadeau!"Le Cadeau, la Délivrance, vint de son frère, absent, de qui elle n'avait pas parlé à ses ravisseurs.
Aux travers des larmes discontinues dans le silence que sa terreur imposait, elle l'aperçut, mains armées, juste avant que les coups de feux retentissent à nouveau.
Puis encore le silence pesant.
En état de choc, elle ne sentit pas qu'il déliait ses entraves et la serrait dans ses bras.
Jusqu'à ce que derrière lui, l'un des pillards se relevait, visiblement blessé mais pas mort ... probablement grâce à un gilet par balles ou autre plastron bricolé.
Saisissant le couteau que son aîné portait toujours à son ceinturon, elle s'éclipsa de l'étreinte fraternelle et enfonça la lame profondément dans son coeur, juste avant de s'écrouler dans les bras d'Aaron ...
Trou Noir ...
Plus tard son frère lui raconterait la suite et fin de cette funeste journée ... Ou pas.
"Le Bonheur est comme un Papillon ... il vole sans jamais regarder en arrière ..."Plusieurs jours furent nécessaires avant qu'elle ne cesse de pleurer, mais les torrents de larmes ne suffiraient pas à effacer l'immense culpabilité qui la rongeait. Lorsqu'elle émergea, son frère sauveur avait rapatrié un maximum de leurs affaires dans le bunker, blindé à tous les sens du terme !
Plusieurs mois, presque une année s'écoula avant qu'ils ne se décident à en sortir, d'abord dans le périmètre proche et qu'ils connaissaient. La radio ne diffusait plus d'informations. Le chaos ravageait le monde inexorablement. A l'abri dans le Knight XV de leur défunt père, ils osèrent petit à petit s'éloigner pour des durées plus longues, chassant pour économiser leurs réserves, sans jusque là croiser une âme "saine" ... mais ils savaient que cela finirait par arriver ...