Shia, se prononce Sha-ya, est le prénom choisi par mon père qui était prof de théologie. Cela veut dire Dieu du salut en hébreu. Rivers est le prénom choisi par ma mère, pas besoin de vous le traduire je suppose. Elle le voulait en japonais mais s'est dit que ce serait un fardeau de plus. Métisse dans une ville qui n'apprécie ni les aborigènes, ni les étrangers. J'ai mis du temps à trouver ma place. D'ailleurs j'ai vite compris que ce n'était qu'une illusion, que je n'en avais pas réellement. L'homme cherche trop à mettre les siens dans des cases et je ne rentrais dans aucune d'elles.
J'ai grandit dans un mélange et un choc des cultures. Fils unique, j'étais surtout proche de ma mère dont les origines japonaises me fascinaient. A mes cinq ans nous sommes allés dans le petit village de ses grands-parents, au fin fond du Japon. C'est là que j'ai commencé mon apprentissage de leurs arts martiaux. Je n'ai jamais cessé d'apprendre et ça m'a toujours aidé.
Après deux ans en psycho avec option arts - j'ai une passion pour le dessin ; puis j'ai été abordé par l' ASIO (notre vague équivalent du FBI). J'ai été formé et j'ai travaillé pour eux plusieurs années. J'ai fini par les quitter, divergence de caractère on dira. J'ai ouvert mon agence de détective privé, spécialisé dans les disparitions. Vous n'imaginez même pas le nombre de personnes qui disparaissent chaque année sans laisser de traces.
J'ai partagé ma vie avec une femme extraordinaire, plusieurs années. Nous rêvions d'un avenir ensemble. Nous allions devenir trois. Mais le monde a basculé. Comme tant d'autres nous n'avons pas tout de suite compris ce qui se passait et il a vite été trop tard. Elle a été contaminée. Je l'ai gardée des semaines dans l'espoir d'un remède. Puis je n'ai plus supporté de la voir ainsi. Elle n'était plus là. Ce fut le pire jour de ma vie...
Que faire quand tout s'écroule ? La seule chose que l'on sache vraiment faire. Je suis tombé sur un mur rempli d'avis de recherches. Je me suis mis au travail tout en enfermant un max des contaminés parce que je me suis rendu compte que beaucoup de gens disparus étaient parmi eux. Quand je parvenais à retrouver une personne qui les cherchait, je proposais de les soulager. Je me suis aussi mis à faire des portraits de ces non-morts, essayant de les imaginer vivants. Je note où ils sont enfermés, leurs vêtements et signes distinctifs. J'ai tout un répertoire. Il a déjà servi. Je sais que la majorité restera sans identité, sans réclamation...

Sur ma route j'ai rencontré Mia, "Sheriff". On avance, on aide, on cherche. Deux autres se sont joints à nous. On forme une drôle d'équipe, menée par une femme mais nos couilles se portent bien.